Le dernier aviateur roumain diplômé

de l’Ecole Spéciale Militaire de SAINT- CYR

Lazar Lazarescu est né le 1 novembre 1911 à Baleni (département de Dâmboviţa). Il est le benjamin de la famille.
Son père, issu d'une famille de prêtre, était fonctionnaire à la mairie de Băleni.
Baleni 1930 L'aîné, Florea (haut - gauche) né en 1903, aviateur, a commandé l'Ecole des Officiers d'Aviation de Turnu Severin, il y est décédé le 10 mai 1940 dans un accident d'avion.

Sa soeur Maria (bas - centre), née en 1906, s'est mariée avec un magistrat militaire (haut- droite).

Victor (bas - gauche), né en 1910, a été aviateur lui aussi , il s'est suicidé en 1934.

Carrière militaire :

Après sa réussite au Lycée Militaire "Nicolae Filipescu" du Monastère Dealu de Târgovişte en 1929, il opte pour une carrière militaire et entre à l’Ecole Militaire Spéciale d’Aviation de Cotroceni (Bucarest).
Il est détaché la première année et entre sur concours à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint- Cyr (France).

Il appartient à la 117ème promotion de l’Ecole : “ promotion Joffre ” (1930- 1932). Celle-ci comptait 7 Roumains : Caracaş Romeo Gr. (infanterie), Cioconaş Emil Gh. (infanterie), Iliescu Radu-Richart A. (cavalerie), Lazăr Lăzărescu C. (aviation), Pajură Ioan I. (infanterie), Pretorian Mihail (aviation), Stoian Radu Şt. (cavalerie), ce dernier n’ayant pas terminé sa formation pour des raisons de santé.

De gauche à droite , haut : Caracaş- Pretorian- Lăzărescu
bas : Iliescu - Cioconaş- Pajură- Stoian
Saint- Cyr 1930

Saint- Cyr 1930
1932 En 1931, il est promu sous-lieutenant. Il termine 53ème sur 454 élèves.

Appréciation finale : " Vigoureux. A de très bonnes capacités. A des qualités de chef et a profité de l’enseignement donné à l’Ecole. "


En compagnie de son camarade aviateur Pretorian, il poursuit ensuite sa formation en France, à l’Ecole d’Application d’Aéronautique de Versailles (1932-1933).

Il s’est classé 6ème sur 31 élèves avec la notation : " Très bon officier, d’une intelligence vive, très travailleur. Devrait apporter une contribution sérieuse en temps qu’officier observateur. S’est très bien classé à l’examen de stage. "
Versailles 1933

Versailles 1933


De retour en Roumanie, il entre à l’Ecole Militaire de pilotage et d’entraînement de Tecuci, où il est breveté pilote de guerre le 2 août 1934 sur un POTEZ XXV.


1936
En septembre 1934, il est muté dans la Flottille de Combat de Pipera.
Il est promu lieutenant en 1936.Cette même année, il suit les cours de l’Ecole de Perfectionnement de Buzau et est breveté pilote de chasse le 3 sept 1936, sur PZL–1F.

Entre 1936 et 1939, il assure des cours à l’Ecole Militaire de l’Air.

Entre 1937 et 1939, Il sert dans la Flottille de Chasse n°11 de Bucarest. Il appartient à cette époque à une patrouille (5 avions) d’acrobatie aérienne où il s’est fait remarqué par " son élan, sa discipline et sa précision dans les manœuvres ".

Il suit les cours de l’Ecole des Commandants d’Escadrille (1937-1938). Il en sort 2ème sur 43 élèves, considéré comme un " élément studieux, avec de solides connaissances autant tactiques que techniques, et un jugement équilibré et très logique ".


Le 26 février 1938, il épouse Aurora Angelescu (née le 9 mars 1913 à Craiova).

Il est promu capitaine en 1939.

De 1939 à 1941, il suit les cours de l'Ecole Supérieure de Guerre de Bucarest.

Il a prouvé, notamment lors des manœuvres royales, ses qualités d’observateur et de pilote de bombardement. Il s’est avéré un " admirable chef de patrouille " manifestant " beaucoup d'initiative et du sens tactique " selon le lieutenant-colonel Gheorghe Jienescu qui soulignait aussi " ses remarquables qualités intellectuelles : vive intelligence, perspicacité, jugement correct, solutions logiques". S’y ajoutaient aussi " une culture générale d’élite et une formation professionnelle accomplie", et une personnalité remarquable : " très discipliné par conviction, bon camarade, correct, au caractère ferme, consciencieux, ayant une grande capacité de travail et en particulier dans le domaine intellectuel ; d’un tempérament posé mais très énergique et décidé ".

De 1941 à 1942, le capitaine Lazăr Lăzărescu est officier d’état-major à l’Etat- Major de l’Air où il participe aux opérations de Bessarabie et d’Odessa (1941).

En 1942, à l’état-major du Groupe Aérien de Combat, il participe aux opérations du Coude du Danube et de Stalingrad.
Lors de la débâcle du 19 novembre 1942, due à l’offensive soviétique sur Stalingrad, le capitaine Lazăr Lăzărescu réussit ŕ persuader le commandant du Corps Aérien de prendre des mesures qui ont permis la sauvegarde de l’aviation roumaine.
Le chef d’état-major, le colonel Constantinescu reconnaissait ses qualités : " extrêmement intelligent, avec de très solides connaissances tactiques, il a dirigé dans de très bonnes conditions l’activité d’information du Groupe grâce à des synthèses quotidiennes logiques et précises ".

De 1943 à 1944, il est officier d’aviation au Cabinet Militaire du Maréchal Ioan Antonescu. Le 23 août 1944, il retourne à l’Etat-Major de l’Air où il est promu au grade de commandant en 1945.

Son fils, Thomas nait le 13 mai 1945.

De 1946 à 1948, il suit des cours à la Faculté de Droit de Bucarest.

Toujours à l'Etat-Major de l'Air, il est promu lieutenant-colonel en 1947.

Cette année là, il est muté à Mediaş, où il va occuper le poste de commandant en second de l’Ecole Militaire d’Aviation.
Le 15 janvier 1948, il est mis en réserve.

Il est rappelé le 18 août 1948 pour servir brièvement en tant que professeur à l’Ecole Supérieure de Guerre de Bucarest, puisque le 15 février 1949 il est définitivement évincé de l’armée pour n'avoir pas voulu, comme beaucoup d'autres militaires, signer la condamnation de Maniu et de Mihalache.

Jusqu’en 1952, il ne touchera ni solde, ni pension.
Entre 1949 et 1950, il séjourne à Băleni, où ses études civiles en droit lui serviront à passer un examen qui lui permettra d’enseigner la physique et les mathématiques au collège de la ville, son épouse y assurant les cours de géographie, d’histoire et de sciences.

La famille Lăzărescu retourne à Bucarest en 1950 et Lazăr Lăzărescu va occuper un poste de technicien responsable de la construction et de l’installation sanitaire des hôpitaux au ministère de la Santé. En 1952, il est licencié.
Ses études de droit lui auraient permis d'exercer le métier d'avocat, mais les nouvelles lois promulguées à l'époque étaient contraires à ses principes moraux. Ne voulant pas faire de compromis avec le pouvoir, il renonce à chercher un autre emploi, il demande sa retraite militaire et l’obtient le 30 novembre 1952.
En 1953, sa retraite se montait à 340 lei. A titre de comparaison, celle d’un ouvrier membre du Parti Communiste se montait à 3400 lei. Il a donc donné des cours particuliers de mathématiques à des élèves et des lycéens.
Son épouse a travaillé comme professeur de sciences naturelles et de géographie, dans un collège à Bucarest jusqu'en 1971 où elle a pris à sa retraite.

Après les événements de 1989 en Roumanie, il a été promu colonel (er) en 1990, puis général de brigade (er) en 1994.


Le souvenir de ses années à SAINT- CYR, le liait à la France de façon très profonde.
J'ai eu la chance de connaître le général en 2000 et, chose surprenante pour ceux qui ne connaissent pas cette école de formation des officiers de l'armée de terre, son passage dans cette école a marqué toute sa carrière, plus encore, toute sa vie : dans sa droiture, son sens des valeurs et son jugement sur l'histoire vécue ... sans compter l'AMOUR immodéré qu'il portait à LA FRANCE.
Fait du hasard ou signe du destin, il a été victime d’une rupture d’anévrisme
le 7 décembre 2002, le jour de la commémoration du 2S (fête traditionnelle des Saint-Cyriens) au domicile du lieutenant-colonel Fontaine, attaché de défense en Roumanie. Il est décédé le 14 décembre 2002. Il a été inhumé avec les honneurs militaires au cimetière militaire de Ghencea à Bucarest, le 17 décembre 2002, non loin d’un de ses camarades : Caracaş Romeo Gr.

Yves Novak - Saint Cyrien de la promotion LCL GAUCHER : 1983 - 1986

Ses vols :

Le premier avion sur lequel il a volé à l’Ecole Militaire de Tecuci, le 11 mai 1934 a été un MORANE- SAULNIERE- 35. Il a volé ensuite sur SET- 2, POTEZ XXV et MORANE- SAULNIERE- 230.
Lazăr Lăzărescu, le 2 août 1934 sur un POTEZ XXV a été breveté pilote de guerre.
En 1935 et 1936, il a volé sur FLEET F-10 G, AVIA et SET Jaguar.
A l’Ecole de Chasse de Buzau en 1936, il a volé sur HAWK (monoplan anglais), puis sur MORANE- SAULNIERE- 230, GOURDOU et PZL- 11 F, Sur ce dernier, il a été breveté pilote de chasse le 3 septembre 1936
Jusqu’en 1941, il a surtout volé sur PZL- 11 F mais aussi sur GOURDOU, FLEET F-11 G, ICAR et NARDI F.N.305.
En 1942, il a volé sur I.A.R.- 80 et en 1943 sur HEINEL- 112 et MESSERSCHMITT- 109 G.
Il a effectué son dernier vol le 30 septembre 1947.
Lazăr Lăzărescu a volé sur 16 différents types d’avions et a totalisé 491 heures de vols.

Décorations militaires :
Ordres " Vertu Aéronautique " avec premier ruban à la croix d’or (1942) ; " Couronne de Roumanie ", au grade de chevalier avec épée et ruban de la " Vertu Militaire " (1943) ;  " Etoile de Roumanie ", au grade de chevalier avec épée et ruban de la " Vertu Militaire " (1943) ; ordre allemand " Croix de Fer " (1943)

Sources :
- "Cadets roumains à Saint-Cyr" - Maria Georgescu - Editions militaires
- "Top Gun" - février 2003 -
Article de Mihai Andrei
- documents et récits personnels de la famille Lăzărescu avec leur autorisation


Arlette NOVAK


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